À ma mère,
en son quatre-vingt-douzième
anniversaire
Je n'ai jamais emprunté la loupe
de ma mère, embuée par mon regard
oblique et timoré, plus que par l'usage.
Je ne l'ai jamais empruntée, car c'est
une loupe magique. Quand elle la prend
et la rapproche de ses yeux,
la parole se libère et la réalité observée
n'est qu'un vague prétexte. Il est des fées
coquettes, à baguette duveteuse.
Moi je préfère ma maman, avec sa loupe
embuée, qu'elle tient comme une reine...
et sa parole inextinguible...