lundi 12 janvier 2015

À deux mains

À deux mains,
non celles que l'on croise
sur le ventre rassasié ni celles
qui assurent les genoux avant
de se lever.

Non : ta main et la mienne,
sa main et la sienne, nos mains
étreintes en foule mais deux à deux
pour préserver l'unicité des regards
et des paroles croisés.

À deux mains, la vie n'est pas facile, chacune
tire à hue et à dia et la paume se ride des blessures
passées. Doigts longs ou boudinés, les cinq enseignes
de l'intelligence peinent à se serrer sans s'écraser,
à s'étreindre sans jamais songer à s'éteindre.

Étends tes doigts, j'étends les miens. Nulle chapelle
Sixtine où le créateur insuffle la vie au futur abandonné.
Non, sens tout simplement la chaleur de mes cinq pulpes
et donne-moi la tienne. Je ne te connais pas, tu ne me connais
pas. Pas encore, crois-moi.