samedi 31 janvier 2015

Feia dies / Cela faisait des jours

Feia dies que no escrivia.
Havia deixat la llengua al caliu,
uns mots rodons com castanyes tendres.

Feia dies que hi pensava, que no contestava
les preguntes amigues, inquietes, tendrement
inquietes. A veure quan em decidiria a tornar

a ma llengua de cor? O era un propòsit secret,
d'aquests que et roben l'ànima a canvi d'una
falsa lleugeresa? No, senzillament, com solia

repetir qui fou president d'un país meu, deixava temps
al temps i assaboria les paraules callades, aturades
a la boca, tèbies, camí d'una certa i segura felicitat.

***

Cela faisait des jours que je n'écrivais pas.
J'avais laissé la langue au chaud,
des mots ronds comme des marrons tendres.

Cela faisait des jours que j'y pensais, que je ne répondais
pas aux questions des amis, inquiètes, tendrement
inquiètes. Voyons quand je me déciderais à revenir

à ma langue de cœur ? Ou bien était-ce une résolution secrète,
de celles qui vous volent l'âme en échange d'une fausse
légèreté ? Non, simplement, comme avait coutume de répéter

l'homme qui présida un pays mien, je laissais du temps
au temps et je savourais les paroles tues, suspendues
en bouche, tièdes, sur le chemin d'un bonheur certain et sûr.