Aimes-tu le rivage, l'été, Sophie,
quand le silence se fait, au départ
des touristes et que le sable humide
avale tes pieds las ? La conversation
alors se pose et le soleil, jaloux de
toi, jette ses derniers feux par dessus
le Quartier-Haut. Brassens et Valéry, chacun
dedans sa tombe, prennent le relais des cigales
et marmonnent en contrepoint. Fermant les yeux,
tu les imagines et les accompagnes d'un roulement
d'orteils dans une nuée de coquillages somnolents.
Que la ville est loin qui te guide l'hiver, avec
ses rues sonores et ses bars lumineux, et loin encore
est le bar de ton frère où je connus naguère d'un roman
autrefois anonyme tout un dévoilement. Mais de quel été
parlé-je ? De celui passé qu'avec toi je ne pus partager
ou de celui à venir qu'avec ton amour ensemble vous vivrez ?
Peu importe. Tu es là, si brune, et la mer devant toi se retire.