Elle tient entre les mains un petit téléphone
à l'horizontale. L'image est floue et des paons
majestueux ne demeure qu'une impression dansante.
À sa main droite, deux alliances d'or, dont l'une est
plus épaisse. La dame, sans âge, est veuve ; elle est
toute à sa tâche. Les oiseaux n'en ont cure qui grimpent
la colline. Je baisse la tête, ne gardant de son visage
qu'un sourire tendre ourlé de rose qui se fane. J'imagine.
Je l'imagine rentrant chez elle ce soir et regardant sur
le petit écran ce cliché vert d'eau, imprécis et profond,
d'une inactualité prenante. Y retrouvera-t-elle un peu du
parfum de Joseph, qui trente ans plus tôt, lui tenait le bras ?