Fruit boisé, clair,
dont la peau, durcie,
se patine sous la main.
Tu le prends et l'observes
comme un crâne silencieux,
rempli de sagesse vive.
Puis tu le replaces dans le
compotier de terre cuite.
Un jour, deux jours, dix jours.
Enfin vient la décision, subite.
Le couteau peine à partager le
fruit, l'enveloppe des grains
a séché, s'est opacifiée. Tu croques
et chaque grain percé t'inonde d'une
mer de douceur. Mer vive où le sucre
rend aisé le flottement de l'estivante
curieuse de plaisirs. Tes lèvres s'en
vermillonnent, je t'embrasse goulûment.