En vélo, à des lieues de distance.
Toi et moi appariés par le cliquetis.
La terre s'étend comme une île sans côte.
Au loin les nuages moutonnent comme sur
ton océan. Mais est-ce l'espace que je taille
ou le tien que je m'invente en pédalant.
Je ne pense pas, je ne te parle pas, mes sens
s'ouvrent pour te parler de ce que je foule,
comme le vendangeur teint ses chevilles du moût
de septembre. Une montée me surprend et l'effort
m'absorbe. Tu disparais de mes pensées. Ton île,
subitement s'éloigne. Le sang bat à mes tempes,
noir, et m'obnubile l'esprit. Ce n'était qu'un faux
plat, me voici en roue libre, tout à mon cliquetis,
tout à ton cliquetis enfin retrouvé. À jamais.