dimanche 31 janvier 2021
samedi 30 janvier 2021
Sonetí
al principi de l'any,
goig ple d'una princesa,
sense sortir del bany.
Família i amics
ben prest assabentats
li tornen els mots rics
que havien heretats.
Mes la princesa dorm,
no vol deixar la carpa
del circ improvisat.
Fer dissabte és un art
i fer mandres també,
...per qui hi és avesat.
Un homme jeune
au fond d'un tiroir lent.
Cadre dentelé, bistre léger.
Un petit goût de suranné.
Tenant serrée une enfant
blonde, accroupi, un homme
jeune regarde le photographe.
Chemise légère, pantalon souple,
le col ouvert, il sourit des yeux.
Sa chevelure épaisse, sagement
désordonnée, exprime une confiance
pleine en l'avenir. Non point en
ce futur des nations qui n'est que
pacotille mais en ce quotidien franc,
lent comme un tiroir qu'on referme.
Parpelles closes
a l'entrada de la nit,
per un bes delicat.
Hores lentes i plaents,
en silenci. Frecs lleugers
de peuets contra la manta
protectora. Pensaments quiets
com una barca a recer del moll,
esperant del vent la tendra volada.
vendredi 29 janvier 2021
BOUFFÉES D'HIVER
Tels des châteaux de feu à minuit,
l'éclat d'une beauté cachée :
pyrotechnie de la création !
La constance est la juste mesure
de qui veut cheminer et faire chemin,
petits petons menus,
la constance est silencieuse, si avec moi elle va.
Un goût de sang aux gencives,
sang de cerises et de fruits rouges
qui éclatent quand le soleil décline,
éclaboussant de vie, de vie rebelle.
© Roser Blàzquez Gómez (poèmes)
© Michel Bourret Guasteví (traduction)
mercredi 27 janvier 2021
Muse
Non loin du Malpas qui, de l'onde, resserre le cours,
les cheveux verts, plantés sur la terre ferme,
folle crinière qui danse avec le vent et rit.
Elle a remarqué que tu l'admires
et se fait toute jolie à ton passage,
et sans jamais oublier qu'elle est herbe grossière,
sous tes yeux, elle devient princesse un moment.
© Roser Blàzquez Gómez, traduit
du catalan par M. Bourret Guasteví
Genives
lundi 25 janvier 2021
Prénoms
rares et précieux, pudiques et brefs,
reléguant les petits mots au placard
des accessoires. Phrases brèves qu'ils
ouvrent ou referment dans un sourire,
sur les sommets enneigés ou au fond
de grottes sombres où l'eau glacée
s'émaille de spaghettis sage, comme
un minestrone d'été. Prénoms anciens,
sur une plage de sable farineux. Deux
syllabes, pas plus, et le silence exulte.
Dies fausts
de finestra a finestra, amb sengles
tasses de cafè cremant.
Hores valuoses quan l'amor s'eixampla
i camina pel carreró glaçat, de somriure
en somriure.
Fonteres insignificants, de fang i herbes
mortes que la neu pura ofega per oferir-nos
la més fructífera de les primaveres.
Filferro
que trobaràs, caminant per la neu.
Et guiarà, segur, pel bon viarany
transfronterer que l'hivern esborra,
oferint-te unes valuosos ulleres,
sense vidre però d'aire bo.
Així fugiràs de la voluntat ingènua
de fixar l'espai per sempre amb clixés
però en jalonaràs la cursa, pam a pam.
samedi 23 janvier 2021
LE MYSTÈRE DE LA POUSSIÈRE D'ÉTOILES
Elle était assise sur une pierre parmi les chênes. Ça sentait la paille sèche et le chaume fraîchement coupé. Cette nuit-là, les grillons chantaient fort, un stride aigu, constant, comme pour effaroucher la nuée qui voilait le firmament. Elle, elle attendait. Elle attendait, les yeux plantés dans le ciel pour goûter le fugace ballet des étoiles. Elle n'en recherchait qu'une, pour son vœu le plus secret. Une étoile, rien qu'une ! Mais justement, cette nuit-là, l'épaisse nuée s'opposait à son vœu. Il faisait frais. Au bout d'un moment, avec un sourire résigné, elle entreprit de revenir sur ses pas. Cela faisait tant d'années que ses vœux n'étaient jamais exaucés. Pourquoi s'était-elle imaginé qu'il en serait autrement ?
Et pourtant, de retour chez elle, pendant qu'elle écoutait en silence ses pas craquer, le vent lui apporta un mot. Il venait de loin, peut-être d'une étoile qui l'avait laissé tomber... C'était un mot ancien, connu et aimé. Et ce mot devint un miracle. Un miracle en sept lettres. Sept, comme les jours de la semaine, ce mystère qui règle le temps. Sept, comme les notes de musique, ce langage qui chante et fait danser la vie. Sept, comme les couleurs de l'arc-en-ciel qui peignent le monde. Le mot intime de son cœur.
Et le mot devint poussière d'étoiles.
du catalan par M. Bourret Guasteví
XALAR
A Menorca, quan mos trobam bé, deim que xalam. Un mot ben curiós que ve del llati exhalare: respirar, expulsar l'aire dels pulmons.
L'acadèmia de medicina francesa acaba d'aconsellar la prohibició de la parla, clàssica o per mòbil, als metros i busos. I ja m'imagin es ramat d'obrers calladets anant a sa feina cap cot. Es toc de queda a les 18:00 ja ho permetia d'entreveure. A pencar i, después, muts i a la gàbia.
Mentrestant, amb distància profilàctica, seguiré xalant.
Que tinguem un bon dia.
vendredi 22 janvier 2021
Rose, Rose !
et la lumière pâle en cet
hiver trente-cinq. Grave,
sur le buffet, la pendule
sonnait trois heures.
Lâchant la main de sa mère,
une enfant courut en s'écriant
«Rose, Rose !» Sur une chaise,
un tablier froissé, nu, reposait.
Un vaste horizon en petit
sous ton regard,
il s'est élargi et allongé.
Et cet horizon est un reflet
qui me dévoile des détails :
petites fleurs des champs,
neige coiffant les sommets
et le goût d'un baiser volé
ou d'une promenade grise.
Rond-point des bords de ville,
mirage d'un palmier échevelé,
le blé assoupi dans le couchant.
Autant d'horizons qui dessinent
les contours d'une éternité
vécue à tes côtés.
© Roser Blàzquez Gómez, traduit
du catalan par M. Bourret Guasteví
jeudi 21 janvier 2021
Une passion alexandrine
sur fond d'ogives aveugles,
une pelleteuse étend son bras
et danse avec lenteur, une jolie
brune dans son godet égueulé.
En Barabbas, un grutier immuable.
La Passion, peu à peu, se déroule,
requiem de folie, avec, pour Christ,
la beauté d'un Alexandre dépenaillé.
Puis tout s'efface, il n'est plus
de grue, de belle ni de décor. Rien
qu'une voix pour chanter l'amour
jusqu'à la déraison. Johnny, en deux
secondes blackboulé, par l'exigence
d'une voix qui réclame le silence
des instruments pour atteindre à l'épure.
A cappella, poussée jusqu'à s'érailler.
Dites au curé, dites au pasteur...
La casa del Panqui
una casa petita,
inspirant la cançó
d'un cor que s'hi delita.
un sofà d'erugueta,
la crida del destí
i de nit la sopeta.
Allà viu mon amor,
els fills i els amics,
un animal en or
amb pentinat de rics.
Si amb paper jo pogués
creuar la línia fosca,
al matí em tindrien
fins al moll de la nit.
Un voyage en petit
Encre nocturne
et ton souffle serein.
La nuit, tout au dehors,
est d'encre noire ourlée
de givre. J'y plonge mon
regard et j'y choisis
des mots, dans la langue
neuve de l'échange, pour
t'écrire, sans te réveiller.
Mots purs et cristallins,
si simples à l'oreille de
l'enfant qui y baigne,
mais si neufs pour ton palais
qui, lentement s'y fait.
Mots rocailleux de frontière,
enracinés dans l'après-guerre,
ruines d'un mas ancien, où
poussent des carlines.
Mots qui sautillent et dévalent
les pentes, en riant avant de
souper tôt dans un restaurant
de bourgade où l'on sert du
hachis avec des champignons.
La nuit n'a pas bougée,
je referme son couvercle,
range ma plume et, ici bas,
mardi 19 janvier 2021
On dit que
des blocs de béton gris
entravent le passage
sur cette route sans douanier.
Un président hautain, ignare
et condescendant, l'a décidé
au terme d'un saut de puce
aux faux airs de Labiche.
Il fait froid en ce matin,
la brume colle au béton et
bientôt l'étouffe sous son
étole. De part et d'autre,
des ombres passent. Vraies
ou imaginées. Il n'y a jamais
eu de vent d'Espagne.
Une seule Catalogne respire.
Escargots et lézards vont et
viennent et mon cœur, si triste
au nord, gagne bientôt le sud,
où l'attendent le café brûlant
et la charcuterie poivrée.
Fragile force
le sable de l'été,
la bourrasque de mars.
Jamais l'emprise,
la joie du réveil,
les voix tapotées,
la peur de l'ailleurs,
en eux aucune crainte.
La force et le fragile.
lundi 18 janvier 2021
Enyor
de l'amena semblança, i vine nu,
enyor, amb aquest aire final que
crida l'ull però no pas l'orella.
No passis desapercebut i deixa, en
l'aire, la delicada flaire del temps
passat plegats, a prop d'una basseta
tendra i d'unes carlines enrojolades,
car, sense tu, mon cor no bategaria.
Un bouquet de houx vert
et pour Louis Anguera
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur,
sur une tombe aimée quand le ciel se fait noir.
Et si le jour décline, je laisserai la peur
Elle qui fut si peu, et toujours m'accompagne
de l'aube émerveillée jusqu'au zénith serein,
sans jamais m'éveiller, quand le sommeil me gagne
et brunette insolente, m'invite au blond matin.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
le poète a raison qui perdit une fille.
En guise d'oraison, mes pas n'ont pas cessé.
En Méditerranée, je ne vois qu'une ville.
Matilde
Molins
dimanche 17 janvier 2021
Geometries
guix i pintura. Angles
aguts i trencadís viu.
Tan càlida com abans,
l'habitació està canviant,
a bocinets grossos, com un
mirall calidòscopic de la vida
que canvia entorn d'una noia
que veu com se li eixampla el món.
Un raconet
sense brillantor ni escletxes,
un raconet entre armari i paret,
amb una cadira vermella i una planta
petita. Un lloc secret, ocult per a
somniar-hi o compondre versos breus.
Una finestra oberta a un horitzó viu
de fulls dibuixats. Coloraines tendres
i infinita nostàlgia de la natura propera.
vendredi 15 janvier 2021
Una noia esquerrana
Corre l'or fos entre els dits menuts
i l'os de sípia, silent, li fa l'ullet.
L'agafa amb la mà dreta i el treballa
amb l'esquerra. Astorat, l'os tremola,
mes la noia l'invita a ballar, amb dits
segurs. Passen hores. En un racó del
taller, una joia, discretament, xerra
amb una altra: el joier és joiera, ja...
La danse des ciseaux
mercredi 13 janvier 2021
Retour
Arbres nus
lundi 11 janvier 2021
Sa caseta
Un despertar
sense esma ni cap por,
un buit blanc que,
a poc a poc es va omplint
de records, pròxims o tan
tendrament allunyats.
Un passeig de confidències,
caminant sobre es còdol de
Sa Pedrera d'Es Pujol amb
s'amic indispensable. Un sofà
clar, davant d'una llar encesa
entre neu i noguera, enmig
d'una terra d'amor per descobrir
lentament i assaborir llargament,
mentre la son se me l'està desdibuixant.
Una sopa de setas
de paredes claras i hogar
llameante. Platos delicados
y vinos olorosos. En un momento,
sin que se te viera, nos serviste
una sopa de setas humeante.
Lenta, la cuchara iluminaba sendas
caras y ritmaba la conversación.
Hablamos de todo. Sobre las doce,
se me tragó la noche, de lluvia
inhóspita. Dentro de mí, brillaba
la llama apacible de una sopa de setas.
Lluna de llet
i espessa. Flaire cega de
vaques ben munyides i
Joia humil encastada en
un cercle de llauna sonora.
Lluna de llet, sense fases
ni mesos, tota oferta a la fam
dels infants adormits.
samedi 9 janvier 2021
Et mon souffle
Un granet
Com carícies
vendredi 8 janvier 2021
En Joanet des vespres
com un rierol de Cerdanya
al sortir de s'hivern.
Acluca els ulls en Joan rere
ses ulleres entelades per sa
mascareta de cristall flac
i torna a córrer pels carrers
buits i sonors de sa ciutat
vella, en Joanot de calces
curtes i ulls ben oberts. Anys
seixanta de biblioteques gelades
i forns olorosos. Més enllà des
mar fosc, en Lacan pronunciaua
lliçons sobre sa llengo i es cos.
A Menorca, bategava un cor lliure.
lundi 4 janvier 2021
Transviure
sense publicar,
a pensar abans d'escriure.
M'has ensenyat a estimar
abans d'amar,
sense pressa ni miratges.
M'has ensenyat a transviure
sense limitar-me,
a compartir abans de gaudir.
Farigola bona
en la teva mà fredolica.
Com suspesos entre cel
i terra, els teus dits
cusen paraules tendres,
teixint el meu tecleig.
Vigatanes tan blanques
als peus i un pessic de
farigola bona al cor.
dimanche 3 janvier 2021
Angel eyes
pels camins dels afores. Pols
fina i lleugera com d'àngels.
No dius res ni mires el mòbil.
Camines tibada, com deien abans,
a la Sant-Mateu de la mare.
La bassa d'aigua és gèlida, negra,
amb gust de ferro bo i cuir vell.
No dius res. Ni mires el mòbil.
Bourrasques
Com
Un berenar de gener
samedi 2 janvier 2021
Un soroll de cadires
blanca d'un cinema de Maó. Fosquet.
Sessió doble. Poca gent. He vingut
amb els cosins, en Gerard, en Potxolo,
per veure l'Adjani en gran. Ens avorrim
davant del NoDo. Inhàbil, he fet caure
les cadires velles i riem tots tres.
Aleshores jo no sabia que ja t'obries
al món i que un dia, per cridar-te
l'atenció, faria caure noves cadires.
vendredi 1 janvier 2021
Una porta oberta
Baixeta la casa, amb teulada
encalcinada, a tocar des molí.
S'obre sa porta al caliu de
entrar en Paco, sense que el vegi.
Dret, ufanós i tranquil, en Toribio
me recorda dies passats, al cor de
s'estiu, entre pomada i pomada.
Fa fred, el cel és pur, ja sé que,
i sa bústia tancada. Tornarem a revifar
sa Caixa B, amb es bon amic Joan. Segur.
T'hipnotitza
com el foc. Glaçat
al nord fosc, tòrrid
al sud turquesa. Mar
de poetes recollint
códols i petjades,
petxines tèbies, plenes
de sorra blanca, amb tacte
de farina i gust d'ortigues
de mar. T'hipnotitza el mar.
Deixa'm, amor, hipnotitzar-me
al caliu bo de la teva mirada.