Comment pourrais-je enseigner ce que je fais,
ce que je suis, quand, patiemment, je vous écris ?
ce que je suis, quand, patiemment, je vous écris ?
Un mystère me guide, à partir d'un mot, d'un son,
de l'odeur d'un ragoût qui mijote sur le gaz.
Et pourtant, il le faut. Il faut que je transmette
ce relais lent d'une course au long cours. Foin
de la rime et d'une métrique étriquée qui viendront,
allégées, plus tard. Du blanc, de l'espace, des vers
brefs, de la ponctuation qui ne s'entend pas, mais
fait battre le texte comme le soufflet d'un accordéon.
L'absence, surtout, sans qui le texte ne serait pas.
L'absence de l'être aimé, de la vigne vierge ou de
la barque amarrée à l'épieu vermoulu.
Et puis, le départ des élèves, la porte qui se ferme,
un drôle de cours que l'on biffe sur le calendrier
des jours mais qui laisse, je l'espère, en bouche,
un goût d'inachevé, comme d'amadou ou de poudre
de bosquette quand le coup est parti et que l'on songe,
déjà, incontinent, à prendre la poudre... d'escampette.