vendredi 27 janvier 2017

Comme un parfum de fleurs d'oranger

Lumière pâle, comme de pleurs, le béton
l'assombrit de ses ridules usées. Mes pieds
gèlent dans une flaque, je n'en ai cure.

Une rencontre improbable, dévoile à mes yeux
incertains la richesse des robes cousues d'or
en pays valencien. Nous sommes deux, à courte

distance, mais je n'existe plus. Je suis une ouïe
et une imagination. Les langues se confondent,
comme il me plaît tant de le faire. Tu parles

par bouffées torrentueuses, comme si le temps,
prodigue, t'était compté. Je suis éponge des côtes
de Denia ou d'Almería aperçue dans un film récent,

Loin de la mer. Soudain, sans que je n'y prenne 
garde ni que je ne t'en glisse un mot, un parfum,
prégnant, m'envahit, celui des fleurs d'oranger, 

dans un champ de Valence. J'avais ton âge et 
je dormais à même le sol dur sans me douter 
qu'un jour une main de rêve me le broderait d'or.