«Que sont les siècles pour la mer ?»,
disait-on dans la Grèce ancienne.
Mais qu'est la mer pour cette femme,
poète crépusculaire, sinon l'amante
inassouvie qui guette de la falaise
les cavités humaines, pour en exhumer
le suc atemporel. Vous la verrez, à la
charnière de l'année guider son auditeur
au terme du village, là où l'asphalte
s'oublie, vers la sente vertigineuse
où sont deux pierres basses. Tirant de
sa besace, une main de papier, elle se
fera rhapsode, le temps d'un long baiser,
pour lire d'une voix chaude, dans le soir
glacé, ces vers écrits, il y a bien des années,
et qui ne savaient pas qu'un jour je les écouterais.