Il marche seul dans le noir.
Derrière lui la nuit américaine
de l'aérogare et le gris pâle
des pistes qui pleurent leur rimmel
de gomme. Il longe d'autres griffures,
celles de l'aéroclub, les terres ravies
à sa famille. Il ne suit pas les étoiles,
non, ce mage des temps nouveaux,
il se les invente, d'une foulée rapide.
Derrière lui, l'ami d'outremer, compagnon
de fortune ; devant lui, la tiède Andalouse
et le rire d'une enfant de trois ans, en
bannière infinie. Il fait froid. Le blouson
relevé, souvenir d'un lent réveillon trop vite
passé, ne le protège plus, pas plus que le
chapiteau blanc ne protégeait l'ami envolé
des amours passées et un instant revenues
dans le regard noir d'une îlienne éperdue.