Il y a, dans le voyage, comme une paresse de l'esprit. La vitesse, fût-elle celle
du cheminement, est un prétexte pour évacuer l'effort de la mémoire.
Le voyage naît de l'absence et se projette dans une absence à venir. Car ce n'est
qu'au retour, quand les menus écueils du quotidien feront prendre conscience
que l'ailleurs n'est plus, que la nostalgie du voyage s'installe, convoquant mille
images que l'on croyait ne pas avoir saisies.
Il y a, dans le voyage, comme une suspension de l'écriture aux pas du promeneur.
Et ce n'est que quand celui-ci fera halte, que l'alphabet des nuages s'animera.