jeudi 9 novembre 2017

Sommeil volé

Je ne volerai pas tes baisers,
je les ai entre mes lèvres
et sur le côté.

Non, je grappillerai le sommeil.
Pas le tien, que je sais ébréché,
mais le mien qui se plaît à la

troublante discontinuité. D'un
coup de drap, comme une gifle, 
je me lèverai, j'enfilerai mon

peignoir bleu électrique et je
descendrai dans la pièce froide
et silencieuse. Tu l'animeras,

en pensée. Regard de mer d'Iroise
et cheveux de démonne pâle. Je ferai
silence, le cliquetis suffira. Alors

je boirai, à petites lampées, un café
brûlant les lèvres, puis les gelant
au fil de l'écriture. J'aurai alors

une nostalgie, pressentie, celle de
t'en servir un autre, au réveil, dans
une tasse de faïence, tels les mazagrans

de tes origines. Mais pour l'instant,
silencieux, j'écris et je vole au
sommeil la félicité enfin retrouvée.