dimanche 5 mai 2019

Accompagner

à Ponç Pons

Le matin est frais, la maison silencieuse.
Ma table est large et les textes m'environnent.
Livres à la blancheur crue qui béent de sommeil.

Je lis et commente, m'interroge. Un mien ami me
tient la main, il parle de ses proches, ailleurs,
dans cette Allemagne dont ils ignorent la langue.

Les vers se disposent régulièrement mais le texte
est une promenade, sur un rythme alerte ; par le vers,
l'anodin s'installe et triomphe du temps. La page

tournée, un écrivain important, aujourd'hui délaissé,
mort l'année où naquit mon ami, reprend vie et carnation.
Je pense au Christ en croix. «Eli, Eli, lama sabachthani?»

Le cri est rond, la parole franchit les siècles. Le corps
desséché sur les peintures pieuses ne laisse pas d'exhaler
ces mots et l'amour de l'amour, par mon ami s'exprime.