lundi 1 décembre 2025

Uniformes

Du jaune et de l'orange,
des rangers de cuir noir.
Des taches de ciment
sur les manches épaisses.

Nul fusil à l'épaule.
Des pelles, des balais,
attendant sagement
dans le camion garé.

J'aime ces uniformes
qui parlent de rugby,
raillant un carton rouge,
donné hâtivement.

Les soucoupes s'agitent
sur le comptoir en bois
comme pour appuyer
leurs propos d'après-match.

Dix heures ont sonné
au clocher du village.
et le jour se colore
de jaune et puis d'orange.

Une vieille radio

Un buffet Henri II,
dans un coin de la salle,
accueille des bouteilles,
un casque et des paniers.

Une radio Philips,
un vieux poste à galène.
Comme un meuble attendant
d'impossibles joyaux.

Et parfois quand j'écoute
une salsa cubaine,
elle me semble venir
du fond de ses entrailles.

Jordi Barre

Jordi vit chez Fafa. 
Il a déjà sa rue,
dont la plaque rutile
au fronton de la salle.

Et je sais que le soir,
dans le secret du lieu,
il fredonne parfois
chansons et ritournelles.

Le public est choisi.
Une seule personne,
descendue de là-haut
pour écouter sa voix.

Maryse Guasteví,
fille du café rouge,
qui aimait Georges Barre
au sortir de la guerre.

Les années ont passé,
elle ne s'en souvient plus,
mais les chants de Noël
lui parlent de Jordi.