J'aime attendre la question, la quêter
sur le sourire qui m'accueille ; alors
l'envie me prend de répondre de façon
faussement convenue. «- Pourquoi pas ?»
ou «- Va pour un café». Et c'est parti
pour cinq bonnes minutes.
Si l'on me donnait un euro pour chacun
des cafés que j'ai bus dans ma vie,
je serais millionnaire. J'en ai bu dans
des restaurants de grand luxe, à la sauvette
dans des bistrots de port, chez des mondains
coincés et chez des gens simples et profonds.
J'en ai bu de serrés et odorants et des allongés
insipides, des brûlants à Paris, et des glacés
à Grenade. Mais partout la même chaleur. Alors
quand on me propose un café, spontanément ou au
débotté, je me précipite et partage avec reconnaissance
ce beau moment d'humaine complicité.