samedi 11 juillet 2015

L'employée de Jennifer

Centre commercial Grand Sud,
vendredi dix janvier, vingt heures.

Je suis assis sur un banc de polymère
rose fade. Sur mes genoux, une tablette.
À mes oreilles, un fin casque blanc.

Je regarde Mange, Prie, Aime. Devant moi,
le rideau métallique de Jennifer vient de tomber.
Lentement. Le bruit de la chute finale me fait lever

les yeux. C'est alors que je la vois par le store ajouré.
Petite, assez massive, cheveux sombres. Je n'en saurai pas
plus. La finesse du maillage fait que je la vois mais pas elle.

Une glace sans tain inversée. En aurait-elle le temps d'ailleurs ?
Elle va de rayon en rayon, rapidement, sans un mot ni un son et les
saupoudre d'effets naguère dépareillés. Elle disparaît un instant

et revient avec un balai-serpillière qu'elle passe sur le sol avec
dextérité. Je n'en saurai pas plus. Il est vingt heures trente. Je pars.

Pas elle.