Elles voilent le cou si tendre
et s'épanchent en voiles infinis ;
la photo serait en noir et blanc
qu'elles garderaient leurs couleurs
d'oiseau de paradis. Sages pages que
mes souvenirs passent d'un doigt mutin
afin de songer, un instant, rien qu'un,
à les effeuiller incontinent, et à courir
pieds nus sur le sable humide en les tenant
à bout de bras, comme un étendard de vie et
de désirs. Mais quand l'obscurité se fait, dans
une chambre de fortune ou une alcôve douillette,
elles me sont un dais parfumé, un palanquin sans larme,
où bercer mes nuits sans sommeil, avant de m'en aller,
funambule enchanté, me faire écharper par tes doigts jolis.