mercredi 20 janvier 2016

Qu'advient-il ?

Qu'advient-il quand on tient tant à un livre
qu'on en ralentit le parcours, brouille sa vue,
désapprend à lire, ânonne et finalement se jette
éperdu jusqu'à en casser la reliure ?

Qu'advient-il quand vous manque la main de Maria 
João Pires qui seule pourrait tourner les pages
assez lentement pour qu'une existence entre
définitivement en vous ?

Qu'advient-il quand, la cinquantaine passée, depuis
longtemps, on se rend compte que la main se recroqueville
sur la poignée de livres forts et vifs que l'on osera
peut-être glisser à la chair de sa chair qui au dehors s'ébroue ?

Rien. Et c'est tant mieux, car les livres vont vite et passent
les femmes et les hommes qui les lisent. Avant que de les oublier.