à Claude Rastoul
Je rythme ma présence sur un réseau social
de phrases courtes, d'aphorismes profonds,
provenant chacun d'un même ouvrage que je
lis ces temps-ci, à mes heures gagnées.
Volonté de suspendre la course du temps ou bien
de donner foi d'une lecture assurée comme l'on
pointe à la gendarmerie, le délit consommé, dans
l'attente d'un procès mille fois repoussé ?
Non pas. Ce livre n'est pas le mien, à une autre
il était destiné qui ne le lira pas, faute d'avoir
vécu assez, comme nous l'espérions. Ce livre, j'en
avais soufflé l'idée à ma mère, son amie, puis j'avais
pris d'autres trains, d'autres segments de vie que
ceux que ce roman de Mercier entre Berne et Lisbonne
induisait. Alors, à mon corps défendant et à celui de
l'amie irrémédiablement absent, je lis. Comme un hommage.
Un hommage petit.