Que me servent les mots, choisis,
ciselés, librement disposés ou
dans un alexandrin encorsetés
si je ne parviens pas à te toucher ?
Ton rire, inouï, me réveille
à la dérobée, mais à peine essayé-je
de le mettre en mots qu'il s'en est
allé me laissant décontenancé.
Comme ces orpailleurs qui tamisent
l'eau limoneuse dans l'espoir d'en
tirer une ou deux pépites, je crible
le gravier des sons et des lettres,
jusqu'à m'en faire saigner les doigts.
Mais rien n'y fait. Mes mots ne sonnent
pas clair quand ils sont ton miroir.
M'apprendras-tu ? J'espère.