«Le corps a été incinéré et le bureau des inhumations
du cimetière du Père-Lachaise ne dispose pas, à ce jour
30 octobre 2011, des informations indiquant
ce qu'il est advenu des cendres.»
Quatre lignes mornes, à la syntaxe coupante, et Cora
Vaucaire disparaît à jamais, que mes parents aimaient.
Voix pure et grave, trop pure, trop grave, estimée
de Saint-Germain, ignorée au delà, adulée très au delà,
au Japon où le français crépite, quand il frôle l'essence.
Que seraient les feuilles mortes sans elle, que ses cendres
ont grisées. Et Rutebeuf, sur un air de Ferré, dont les amis
vivent, par sa voix, plus de huit siècles après ?
L'onde est épaisse et sombre qui passe sous le pont, l'étoile
de sang qui couronnait la tête d'un poète minervé a brisé
le miroir. Restent les sons lents et le grain de la voix
de Cora, une Nina que la France ne sut voir, écouter,
ni aimer.