Lire Éluard, y venir se mirer.
Éprouver le rythme, la simplicité.
Ramasser une vie dans son poing,
puis l'ouvrir violemment dans le
soir si lointain. Y chercher l'aire
dépouillée, la clairière où épandre
les mots et puis les vers, les regarder
alors que la nuit tombe. Attendre que le
noir et le blanc s'inversent. Guetter
les lucioles qui s'étirent. Y chercher
enfin l'aimée, unique et multiple. Elle.
Octosyllabes, anaphores. Le plein et le
creux. Le printemps et l'hiver. La peau
douce et les mains tavelées. Prendre enfin
conscience de ce que l'on savait déjà,
confusément. Tu es belle, plus belle que si
je t'avais connue matin, ta peau est miroir
et tes mains m'offrent toute la profusion du
monde.