Dans la même casse et la même fonte
que bien d'autres courriels. Mais en
bleu. Un bleu chaud, sans égal.
La lettre est longue, circonstanciée,
sa ponctuation est marque archéologique.
Je la lis sur un rythme autre. Avec une
rapidité peu en accord avec la cadence de
son écriture. Alors pour la pallier, je lis
et relis. Les mots sont de tous et de chacun.
Leur sens immédiat ne s'impose pas toujours.
L'encre bleue le proclame en silence. Il faut
retrouver sous l'ample feuillage, la racine
nourricière, soupeser le fruit dans la paume,
sans l'écraser cependant. Se garder toutefois
du détail et ne jamais perdre de vue l'ensemble
que l'encre bleue unit et constitue, comme la main,
il y a longtemps, si longtemps, confiait au journal
de l'adolescence les germes d'un monde en devenir.