La ville s'ouvrait au monde,
les murailles tombées, la troupe
ne défilait plus, l'esplanade
s'endimanchait, les habits étaient
beaux, empesés aussi. On pria la ville
de se mettre au diapason et d'offrir aux
citoyens la fraîcheur que la Siant-Jean
exigeait. Deux fontaines furent disposées,
havres de fraîcheur vespérale. Les décennies
pasèrent, oublieuses, les grands magasins
accaparèrent les chalands et la vaste artère
s'empoussiéra. Le siècle finissait quand un
nouveau maire, proconsul truculent, eut la tocade
d'y vouloir revenir. En toute hâte, on disposa
les fontaines à l'identique, qui dissimulaient
une noria sophistiquée dont nul ne vit jamais le truc.
Chaque mois de septembre, les bizuths venaient recevoir
des anciens l'onction lustrale. Un jour, deux vétérans,
une ancienne épicière et un ancien khâgneux, choisirent
de s'y étreindre pour la première fois. On dit que l'eau
sous leur fougue s'arrêta. Mais on dit tant de choses...