L'avion vole haut, insensible
aux cœurs qui ici bas parlent
et se taisent. Là haut, plus
haut que les nuages, le ciel
est toujours beau. Et glacé.
D'une perfection toute divine
et l'avion brûle la fine couche
d'oxygène. Plus bas, l'eau est
sombre et froide, avec des lames
hautes comme des immeubles sans
fenêtre ni habitant. Masque sur
les yeux, les passagers avancent.
L'heure ne cesse de changer, les
repères se bouleversent. Une Babel
comme un terrain de football clos.
Entre deux mondes. Entre deux langues,
dix, vingt. Le silence s'installe entre
ceux qui sont amants ou qui le furent.
L'avenir se conjugue au présent. Mais
quand le présent glisse entre les doigts
jusqu'à l'inconsistance, sans le grain
d'une peau ou la tiédeur d'un souffle
assoupi, l'avion intercontinental devient
une assez juste image de l'amour impossible.