lundi 29 mai 2017

Saynète

Ils sont quatre. Ou cinq.
Debout ou assis. Un cahier
à la main, corné. Ils parlent

haut, en articulant, comme on
s'essaie à sourire dans la glace.
Dans une langue étrangère. Je tends

l'oreille, tout en ralentissant la marche
qui me conduit au dehors de la faculté.
C'est de l'anglais. Des tirades encore

déliées, comme le sont les cordes d'un
orchestre qui se prépare au concert. Je n'en
saurai pas plus, mais il y avait tant de grâce

dans cet échange inopiné -un déjeuner sur l'herbe
de l'an dix-sept- que je sors de Paul-Valéry en
clignant de l'œil au fantôme de William Shakespeare.