Je ne sais pas écrire.
Ma main est gauche,
qui court sur le clavier,
en croyant y danser.
Mes vers sont de lin
grège, tout froissé
et l'encre sent mauvais
quand je me la figure.
Si j'étais Dieu ou, au
moins, l'un de ses angelots,
c'est sur la surface fine et
moirée des bulles de savon
que j'écrirais, jour après
jour, l'amour que j'ai pour
toi, d'un mouvement vif
du poignet, sans nulle pesanteur.
Tu y lirais mes lèvres, l'aigu
de mes sourcils, et les milliers
de pas que, pour toi, j'ai fait
depuis des lunes, dans la brume
des villes ou la torpeur des ports.