dimanche 18 novembre 2018

Un gilet

Froissé dans la boîte à gants
et par chance, ou par hasard,
jamais utilisé.

Un gilet qui s'épanouit un instant,
renoncule d'or, puis est sagement
plié selon les conseils du réseau.

Derrière le pare-brise, à droite,
bande réfléchissante en évidence.
Elle n'a pas d'amis. Des collègues.

De nuit. L'hôpital à vingt kilomètres.
Elle panse, sans relâche, des vieux, dans
la plainte infinie des yeux sans regard.

Elle vit seule. Un chat et un oisillon,
tous deux au désir éteint. Comme elle,
croit-on, car elle, elle rêve mais n'en

dit rien. Ils l'attendent au rond-point 
de la prison. Ils sont dix, hommes et 
femmes, prématurément âgés, comme elle.

Ça rit. On saucissonne. On bloque mollement.
Quelques dialogues à vingt mots. Le soir
brusquement tombe. L'assemblée d'or, d'un coup,

se disloque. Elle rejoint sa maison, son chat
et son oisillon. Elle dormira avec son gilet,
en boule, comme un bouquet de jeune mariée.