mercredi 21 novembre 2018

Une page

Il suffit de glisser une page sous tes yeux,
une page volée d'un livre frais émoulu sur un
triste présentoir. Quelques lignes, l'amorce

d'une histoire dont chacun des mots renvoie à
une actualité révolue, racornie, oubliée dans
une vieille malle d'osier déposée, un jour,

dans les combles par la tante Ernestine. Et te
voilà à chercher ce livre dont tu ne connais rien
et dont tu apprendras qu'il fut écrit par le père

de l'une de mes étudiantes, lié à elle par une
passion aussi pudique que jubilatoire. La neige
du roman fond et du roman tu fais déjà un âtre.