Il suffit de glisser une page sous tes yeux,
une page volée d'un livre frais émoulu sur un
triste présentoir. Quelques lignes, l'amorce
d'une histoire dont chacun des mots renvoie à
une actualité révolue, racornie, oubliée dans
une vieille malle d'osier déposée, un jour,
dans les combles par la tante Ernestine. Et te
voilà à chercher ce livre dont tu ne connais rien
et dont tu apprendras qu'il fut écrit par le père
de l'une de mes étudiantes, lié à elle par une
passion aussi pudique que jubilatoire. La neige
du roman fond et du roman tu fais déjà un âtre.