mardi 20 novembre 2018

The medium is the message

à A.P.R.

Déplier. Une fois, deux fois,
trois fois. Minutieusement,
avec émotion et componction.

Retrouver les gestes de l'enfant
du demi-siècle écoulé, dénouant,
défaisant, déchirant pour découvrir

sous le présent désiré, l'amour vif
du parent attentif. Une fois, deux fois,
trois fois, je revis les gestes oubliés.

Sous mes doigts, le clair et l'obscur
zèbrent l'attente. La pendule s'est arrêtée,
un visage apparaît, bien plus gros que le mien.

Familier avec des yeux espiègles derrière
les épais verres des lunettes d'écaille.
Au revers, c'est un kaléidoscope de lignes

qui jouent au prestidigitateur ou au combat
de cerfs-volants chinois. Je n'ai pas pris
mes lunettes. Je devine des vers, j'en sais

l'auteur, mais je veux que la langue entre en
moi comme, autrefois, la pluie coulait sur mon
tablier d'écolier. Barcelone. Dunkerque,

tout se mélange en noir et en blanc. La langue
chère, inaccessible, de l'oncle adoré, miroite
comme aujourd'hui sous mon regard acéré mais

candidement inculte. J'ai chaussé mes lunettes,
la pendule s'est remise à battre, je m'assieds
pour dialoguer enfin avec Joan Vinyoli, si estimé.