mardi 16 juin 2015

Bleu de Prusse

Je peignais mal mais j'aimais déposer un peu
de bleu de Prusse sur la palette. Épais, foncé
d'avoir séché. Le tube de plomb se fendillait
sous la pression. La gouache sentait fort et
l'avenir était incertain.

Un jour, vous m'avez parlé du bleu, de bleus,
émaillant nos échanges de leurs distinctes
nuances, jusqu'aux insoupçonnées. Je m'y suis
attaché, confusément d'abord, puis en conscience,

j'ai détaché de la mémoire des lambeaux des bleus
aimés et que je ne savais distinguer, j'ai retrouvé
un peu de la gouache gauche de l'adolescent

et j'ai imaginé vos doigts fins y plongeant pour
écrire, à la nuit tombée, un peu de ces rencontres

qu'un jour, sans y songer, nous reprendrons, enfin.