La nuit devait être longue et duveteuse,
bordée de lin frais dans l'accompagnement
bas d'un concerto de Mozart.
Tu devais te lever matin, la tâche n'attendrait
pas, une réflexion sur le malheur, je crois.
Mais le temps, espiègle, ne l'entendit pas
de cette oreille et nous entreprîmes de deviser.
Chacun de l'autre était la mémoire inventée et
les mois passés, oubliés entre une ville portuaire
et un quartier neuf, minéral et silencieux,
se rappelèrent à notre souvenir, nous bousculèrent
avant de nous emporter sans terme ni durée.
Bien sûr, la nuit ne fut pas complète, bien sûr,
nos souffles jamais ne se croisèrent mais nos
paroles se burent. Tu étais de profil, belle dans
l'amour de Lui, juste kaléidoscope de tes amours
passés. Notre devis s'en trouva enrichi qui échappait
au miroir et ne craignait plus de la voix le point d'orgue
terrible. Chansons, pensées, musiques se mêlèrent en un
joyeux coq-à-l'âne. Non loin était l'ami commun, le Kabyle
magnifique, dont je sais à présent qu'un jour je le retrouverai.