Entendre au coin d'une rue,
entre les cordes graves et
les aiguës frottées, une voix.
Arrêter la marche grave, tendre
l'oreille, reconnaître les inflexions
inventées d'une langue oubliée, les mots
simples du quotidien oriental, les livres
serrés d'une bibliothèque séfarade où le
roman le dispute à l'hébreu, glisser une
pièce d'argent dans un chapeau poussiéreux,
deux trois mots à des yeux bleus entre des
mines graves, puis reprendre la marche, riche
d'une langue neuve et d'un quotidien aboli.
Tel fut le hasard saisissant d'une chaude
soirée de la première quinzaine de juillet.