Le ciel est de lait gris.
Bruits menus des appareils
qui veillent.
Les baies s'ouvrent à une vie
qui tarde à se déployer.
Sur l'asphalte tiède, volettent
des graminées : le vent se lève
et les palmes m'appellent. Je sors.
D'un regard, j'embrasse ma rue,
songeant à un ami de cœur et d'âme
qui se dit le meilleur poète de
ma sienne, si courte et inhabitée.
Je vis rue de Montaillou, une voie
étroite à l'enseigne de guingois.
Quartier aux noms de villages.
Qui se souvient de ce village occitan
du XIVe siècle, minutieusement ratissé
par Emmanuel Le Roy Ladurie ?
Le vent qui forcit m'en rapporte soudain
les rides et les soupirs dans une envolée
de pages que mon pouce arrête, nostalgique
de ta peau. Volets tirés comme autant de
paupières, les habitants dorment. La semaine
touche à sa fin et juillet déjà bascule en août.