mercredi 26 juillet 2017

Ta voix

Comme un besoin. Malgré les kilomètres,
cependant que les gravillons crissent
sous la gomme large. Tu me confies tes

musiques, je suis aux aguets, aigle chauve
sur mon piton. Ta course m'occupe tout entier.
Un mot de toi et je fonds sur la carroserie

brûlante. Me décider à t'appeler, t'en demander
brièvement l'autorisation de quelques caractères
sur ton écran, c'est avant tout m'y préparer, revivre

l'échange. Tes yeux qui pétillent derrière les lunettes,
les bijoux bleux tintant sur ta peau halée. Une soudaine
timidité qui te ravit aux mots forts et définitifs. Ton

improbable accent, envolé une main devant, une main derrière
dans le mazout des paquebots bondés quittant définitivement
la corne camusienne. Ta voix m'appelle que je n'entends pas

et que je crains de reproduire imparfaitement comme, enfant, 
je peinais à découper la silhouette d'un écureuil sur le
plastique bleu de la couverture d'un cahier remisé.