À Jennifer
Je découvre peu de poètes neufs. Documenta a fermé
où je caressais du bout des doigts les minces volumes
comme des poissons d'argent. Alors j'écoute mes amis
car, comme les homosexuels, les poètes se reproduisent
de bouche à oreille.
Aujourd'hui, un regard clair, une parole sûre, la finesse
de Jennifer, l'amie à distance, que je ne vois jamais
mais que toujours je sens. Et un nom qui, aussitôt,
s'impose : Juan Antonio González Iglesias. Un nom à tiroir,
tout en hispanité.
Un fond discrètement chrétien, intensément latin, et l'humilité
d'une humanité chaude et tendre. Je cherchais une voie de sortie
à la magnifique Nuit de Wiesel. Une voie qui m'en libère, sans
m'en détacher. Je l'ai trouvée, sous la forme d'un Ecce homo
de pulpe et de désir.