mardi 10 novembre 2015

Pour peu que le temps

Un torrent de mots et ton silence.
Le drap glacé, entrevu, la course
des doigts sur l'écran, les yeux 
qui piquent, le sommeil repoussé.

La conscience du temps bonifié.
Ni suspendu, ni arrêté. Multiplié.
Nulle barbichette que l'on tire
dans l'espoir de faire rire ou pleurer.

Nostalgie pressentie du moment où, sous
la lumière crue, bien calé contre le bois
de la table, je penserais à cette nuit
séparée et cependant doucettement partagée.

Le vertige me prend, je sais si peu de toi
et, timide, je t'accable de mots. Ma tête se brouille,
je fixe mal ce que je voudrais. Le souvenir d'un
repas d'anniversaire, une photo trouble dans un train,

l'allusion répétée au sport du soir dans la rue Lunaret,
un vélo qui n'en finit pas de griffonner sur la ville
des désirs de valise, d'Amsterdam à Berlin, pour peu que
le temps, comme hier, se décide à se bonifier, encore un peu.