Elle ne se rêvait pas autre, elle me le demanda
et je rassemblai mes lettres au sortir de la nuit,
pour composer un visage neuf qui lui ressemblerait.
Un peu, beaucoup, passionnément, à ma folie, c'est tout.
Sous des cheveux en désordre, un front pâle qui jamais ne
bouge, des jambes qui retracent les halages du passé quand
elle court le long du canal. Je la sens qui peste et s'emporte :
«Le vil escroc me peint comme je suis!» Apparence trompeuse
que cette évocation en deux traits. Et pourtant... Que voilent
ce front faussement altier, audacieusement timide et ces jambes
halées interminables ? Quelques lettres, une poignée alignée,
ne suffira pas. Les mots des mois le diront. Ou pas.