à Victor et Sarah
Un bruit mat puis qui se traîne
lentement, tout aussi lentement
que glissent l'adolescent et son
skate, étrangers aux pas alentour
et au bruit des voitures de mort,
aveugles à trois pas.
Il est jeune. Douze, treize ans.
Concentré dans sa trajectoire
lente et je revois mon fils, hâtif
de récupérer la planche à roulette
de son frère, celle-là même que je fis
monter, non loin, dans une échoppe
à l'escalier serré. Plus l'adolescent
répète les mêmes gestes au rythme
du soleil qui se cache bientôt et me couvre
de fraîcheur, et plus je pense à Victor
et à ce glissement de trop qui lui ferma
les yeux pour un temps, un instant tout juste,
un instant de trop mais qui par bonheur ne dura pas
tout contre un pare-brise étoilé qu'éloigné je ne sus
prévoir ni devancer. Alors je regarde à nouveau
cet adolescent aux sons mats en écho aux cloches qui
sonnent seize heures quinze. Plus que des vêpres,
un hymne à la vie qu'auprès de Sarah il développe enfin.