À la mémoire d'Arcadi Gomila
On les croit seuls et sans attache,
les poètes, Petits Princes d'une planète
ronde et lisse. Mais les poètes viennent
de plus haut, de plus loin. Des bras aimants
d'une mère et d'un père. Soc de charrue lente,
souffle de la forge, bruit de succion de la soupe
chaude au fond de l'assiette de faïence, c'est tout
cela qui les anime, et même plus, beaucoup plus que
bien peu voient, au delà d'eux. L'un d'entre eux,
l'un d'entre nous, le meilleur, est dans la peine,
son père, cet autre Petit Prince, s'en est allé,
nous laissant la chaleur de son île dans une aubade.
Mais il ne s'en est pas allé bien loin, des amis se pressent
pour en rappeler le souvenir dans le détail et moi qui ne le
connaissais pas, j'en distingue le pas et la main du temps
où de sa ville il écrivait la geste, semaine après semaine.