L'escalier est si raide, si étroit,
si haut que la bière parvient à peine
en haut, tiède et sans bulle, ou presque.
Le café froid, l'invité d'un jour lit un poème
comme qui lance le palet, à cloche-pied, de la terre
jusqu'au ciel. Marelle. Silence. Hésitations.
Le ton est bas, tout d'abord, comme de confessionnal,
puis la parole prend corps et le cercle naît. Minutes
précieuses, sourires circonflexes. N'était le temps frais,
je les emmènerais bien se baigner dans un recoin paisible
du vieux port. Mais l'heure m'est comptée. Je n'ai rien à
leur apprendre sinon mon accent qui se moque bien des seize
voyelles du nord de la Loire. Les trois-quarts d'heure ont filé
et je descends déjà l'escalier raide et étroit. En bas, le garçon
somnole, épuisé par les ascensions répétées. Je leur ai promis
que j'écrirais sur ce cercle retrouvé, avant que le coq n'avale les
douze grains de minuit. C'est fait. Et si je les ai toutes et tous
appréciés, bien malin l'individu qui pourra s'y retrouver...