J'ai un ami phoète.
Oui vous avez bien lu.
Je n'ai pas abusé du gin
de mon île, pas plus que
je n'ai voulu dauber une
ministre de papier.
Quand il ne rafistole pas
le sourire de ses semblables,
ce pacifiste de toujours
empoigne son canon et s'en va
de la terre presser le suc
caché. Il le faisait, du moins.
Jusqu'au jour où une jolie
maîtresse l'a pris parmi les
siens. Il a commencé à prendre
des photos pour elle puis les
a prises avec elle. Mais cela
ne lui suffisait pas, son cœur
ne se résolvait pas à tenir dans
une pression ou sur un objectif.
Alors il s'est mis à écrire. Pour
elle, avec elle. Et la langue,
aux couleurs, au bistre et à l'ombre
s'est mêlée. De photo, la poésie s'est
inspirée, s'est aspirée plutôt, comme
on le fait d'un "h" abelkacémien et
un phoète est né, le seul de mes amis.