C'est un miroir étrange.
Un vieux photomaton
d'il y a quarante-six ans.
Un vieux photomaton
d'il y a quarante-six ans.
Le visage est serein,
le sourire lointain.
Les sourcils sont épais.
Le nez est épaté.
Visage de côté
que j'ai toujours gardé.
Le cou est d'un taureau.
Je jouais au rugby,
à l'aile du Moulin.
Des cheveux au cordeau,
il ne demeure rien.
J'aime à y reconnaître
certains de mes enfants.
Que noble est cette vie,
à cheval sur deux siècles.
J'avais tant à apprendre
et j'ai appris si peu,
au cours de ces années.
Mais la faim est la même
et, de toute rencontre,
j'aime faire mon miel.
Le tiroir est fermé,
la photo remisée,
je continue ma route.