Pas le brouillard épais, lourd
du charbon des usines désaffectées,
mais la brume légère qui apparaît
soudain, en nappes évanescentes
quand la marche tarde sur les monts
discrets qui bordent la Côte Vermeille.
J'ai quinze ans et je me suis entêté
à aller seul de Cerbère à Banyuls
au hasard des pas. D'un coup, les vignes
disparaissent et l'herbe a goût de mouillé.
Je perds pied. Sur ma gauche, vingt kilomètres
sans âme qui vive, sur ma droite, les falaises
rocailleuses qui précipitent l'inconscient dans
les flots impétueux. La route n'est plus un tableau
de mon oncle adoré. Je me reprends. La brume a fui.