S'acabaven els setanta. Espanya
sortia de la dictadura i érem
estudiants. Viatjàvem en un R5
atrotinat butà -ara es diria
carbassa-, no teníem un duro
o gairebé. Fugint dels hostals
costosos, dormíem a la lluna
de València. Una nit, reventats,
ens instal·làrem en un camp d'arbres
nus. Sense fruita, sense olor, uns
dits negres aranyant el cel per fi
sense aranya negre. Sobre les dues,
ens despertà un rebombori d'aus boges,
unes gallinetes que ens deien que no,
que visqués la revolució. I riguérem
***
C'était la fin des années soixante-dix. L'Espagne
sortait de la dictature et nous étions étudiants.
Nous voyagions dans une vieille R5
couleur citrouille, nous n'avions pas un sou en poche
ou peu s'en fallait. Fuyant les hôtels
coûteux, nous dormions à la belle
étoile. Une nuit, épuisés,
nous nous installâmes dans un champ d'arbres
nus. Sans fruit, sans odeur, des
doigts noirs égratignant le ciel enfin
sans araignée noire. Sur les coups de deux heures,
nous fûmes réveillés par le vacarme de volailles en folie;
de poulettes qui nous disaient non
et que vive la révolution. Et nous rîmes.
(NdT : le faisceau franquiste était caricaturé comme une araignée,
une chanson célèbre de Lluis Llach, «La gallineta» dépeint l'une de
ces poulettes.)