à Victor
Le jardin d'autrefois s'en est allé,
la poussière de ses sentiers l'a emporté
et la végétation, rétive aux soins, l'a envahi.
Les murs ravagés par le temps, lézardés par les
ans, le pleurent de l'eau trop longtemps retenue
et, si ses familiers se pressent autour de la table
dressée, le cœur n'y est pas et les sourires se gercent
au souvenir des agapes passées. L'on mettait alors
les fûts en perce et l'on dansait en riant, comme pour
faire bisquer la maîtresse du lieu qui, à son tour, et
par jeu, feignait de s'en ofusquer. Un barbecue taiseux,
oxydé, s'en souvient pourtant, dont mon fils prolongera
le feu olympique, sur sa terrasse, minérale, et déjà
porteuse de l'harmonie de cinquante-sept ans de vie
partagée autour d'un jardin où Gédéon se plaisait.