Le pont est gris qui enjambe le cloaque
herbeux puis l'autoroute au flux discontinu.
Le pont est gris, couvert de tant de graffitis
que le pas vif des apprenties chaudronnières
efface, mais ce pont est d'amour. Sa courbe
marquée, au dessus du vertige, c'est ma main
tiède qui caresse ton dos quand ton sommeil est
pour moi un complice. Pont des soupirs et d'un
désir que jamais la distance n'efface, il est,
nuit après nuit, ici, à Barcelone, ma tour abolie,
le lien entre deux mondes, ma tendre main qui réunit
sous sa coupe tes jambes que le froid a disjointes.