Gratter, gratter encore.
Non pas la terre sèche où
se sont usés mes pas,
mais une peau de mouton,
épaisse et veloutée, où
d'autres, avant moi, ont
écrit avec un peu de leur
sang vif. Songer à l'antique
maison, à ses sept couches
de papier peint, sous lesquelles
le crayon d'un maçon de 1852
avait écrit des chiffres,
clairs pour lui, abscons pour nous.
Ce mur à nouveau vierge où j'invitai
mes fils à écrire un brin,
pour les générations futures.
Gratter, gratter encore.
Pour que mes enfants, un jour,
puisse à leur tour gratter le
précieux parchemin avant d'y laisser
leur empreinte, commune et unique.